• J’ai plus envie de me trancher la gorge.

    Le sale goût dans la bouche m’est passé,

    noyé, fondu par tout ce sucre merdeux

    dont on vous gave tous les jours

    ce minable sucre de vie.

     

    J’ai plus envie de jouer les funambules

    sur le fil d’un rasoir

    malheureusement

    trop bref et trop bleu

    pour être réellement dangereux .

     

    Un point de côté en berne sur

    le gouffre de ma gorge

    oscille

    jalousement

    de la froide ironie

    à la quête trop évidente de 

    la fin.

     

    J’ai plus envie de crever,

    c’est le signe parallèle et tristement crasseux que

    je suis déjà mort.

    Mes tripes trop chanceuses ne sentent pas

    le vieux chat crevé

    comme elles le devraient

    mais

    c’est encore la preuve de

    ce mensonge de la vie qu’est

    la chair.

     

    L’âme  que je supporte en

    ce conglomérat rouge et blanc

    ne court plus

    les pieds nus

    dans les fleurs barbelées

    de

    la vie.

     

    Elle a osé

    travestir

    La douleur aiguillante

    camouflée dans chacun de mes pas

    au moyen de

    fallacieuses chaussures

    de caramel mou.

     

    Abominations

    que ces chaussures

    d’un caoutchouc d’habitudes et de besoins.

    Par elles,

    le froid est édenté et

    la chaleur est plate.

     

    J’aimerais marcher sur

    mes lacets,

    ces lacets qui m’emprisonnent et creusent

    un chemin dans ma chair usurpée,

    afin de jeter brutalement

    contre ce sol si quotidien

    cette caboche éteinte

    de ne pas avoir su

    brûler.

     

    J’ai

    malheureusement

    trop de cet

    équilibre grisâtre et droit

    qui nous détourne de cette

    soupe d’os glacés et amers que l’on boit

    aux rendez-vous solitaires.

     

    J’ai plus envie de me trancher la gorge,

    mais

    je le regrette bien bas.


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  • Ecrasé comme un rêve par la lumière stupide, je rampais, liquide, sur un de ces chemins bourbeux et verticaux dont la vie a le jouissif secret.

    Un œil de feu amorphe, copulant indifféremment avec une sale platitude bleue qui flottait dans l’air, tentait vainement de surprendre la moindre déviation organique de mon imaginaire troué afin de mieux me clouer par un doigt de granit brûlant à cette tombe sinueuse et infinie.

     L’air de presque rien, je braquai circulairement mes instincts orthogonaux et cette féroce orthogonalité me soustrait à la gluante lumière de cette astre mou.

    Qu’il se méfie vaillamment, je n’ai pas la haine dans ma poche, et il suffirait d’une étincelle de trop pour que je libère toute l’osseuse obscurité qui somnole aléatoirement au sommet de ce cercueil de chair qui emprisonne mon âme en fil de plomb.

    Si cette extrémité vibratoire s’échoue sur les récifs plastiques de ce précieux ultimatum, je changerais la fin des temps, et le prenant par un autre bout, je cracherais un nouvel apocalypse dans le but tonitruant d’enfin me faire écorcher par les noirs rayons barbelés que vomit le soleil de cafard.

    Justes ténèbres qui se mêleront à mon sang déjà vitrifié par l’essence acérée  de la vie en cascade.

    Mais où traverser ?


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  • Les mots imposés : spleen, splash, crash, rash, mache, douille, sirene, abri, retentissement.

     

    Surfer sur le spleen, ne pas céder à ses sirènes afin d'éviter le crash contre les récifs du monde. Rester debout sur la planche pourrie de la raison, essayer de ne pas se vautrer dans la houle souterraine qui vous avale et vous mâche. Rien à l'horizon, que la lumière morne de l'espérance qui filtre à peine à travers les nuages bas et lourds. Putain d'océan vide, pas un le moindre petit bout d'épave ou d'île pour s'en faire un abri, rien que du néant fait eau sur des miles et des miles.

    Surtout ne pas quitter la mer des yeux sous peine de boire la tasse dans un grand splash qui vous engloutit. Toujours guetter les rash soudains que fait l'écume sur les lignes de crêtes, écouter le retentissement des vagues qui s'écrasent les unes contre les autres, respirer les embruns froids qui vous glacent les sangs, faire taire l'envie de sombrer qui douille votre cerveau...

     


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  • Je suis revenu à cet endroit,

    où nous avons passé la nuit

    dans les bras l’un de l’autre

    bouche contre bouche,

    peau contre peau

    et je n’ai pas pleuré.

     

    Je me suis souvenu de

    nos projets d’avenir,

    et du jour,

    se levant dans tes yeux,

    et j’ai écouté mon cœur,

    il ne disait plus rien.

     

    Ma chair ne parle plus pour toi,

    même mes yeux que

    j’aurais pu user

    tellement

    j’étais heureux

    de te regarder

    rechignent à la tâche,

    lorsque j’essaie

    désespérément

    de revoir

     ces moments suprêmes.

     

    La seule chose qui les préoccupe,

    c’est cette lumière

    qui les brûle

    comme tu ne le fais plus.

     

    Si seulement on pouvait

    l’éteindre.

    La souffrance

    s’atténue avec

    l’ombre.

     

    L’ombre de

    mon amour,

    que je croyais si fort,

    vient  encore parfois

    danser dans mes yeux,

    alors faudra pas s’étonner

    si parfois je les clos

    sans raison.

     

    Est- ce qu’on pourrait éteindre

    la lumière,

    ça me ferait du bien !

    Les cicatrices

    sont moins profondes

    la nuit. 

     

    J’ai du mal,

    la pente de la nostalgie est trop

    abrupte ;

    j’ai abandonné ;

    de toute façon,

    je ne suis pas sûr que ça en vaille

    la peine.

    Les amours empaillés me dégoûtent.

     

    Parfois, froidement

    je pense à

    toute cette passion gâchée pour

    pas grand chose

    alors qu’elle aurait pu

    faire le bonheur

    de tièdes amoureux !

     

    La lumière

    s’enfonce dans mon corps

    qui ne résiste même plus.

    Tout

    ce qui reste de

    cet amour

    envolé, soufflé par

    le vent du temps

    qui passe avec sa faux,

    c’est ce monument que l’on  pourrait

    dédier amèrement

    à l’inutile.

     

    Bon sang,

    s’il vous plaît,

    éteignez la lumière.

     

    Mon amour momifié

    continue de suppurer par

    tous les pores de mon cœur

    presque froid

    et cette salope de lumière

    pèse

    toujours aussi

    lourd.

     

    Les tendres paroles

    ne sont plus,

    enterrées sous

    la poussière

    de nos vies.

    Ce n’était pas

    ce que je m’étais imaginé.

     

    Tout de même,

    une goutte

    de tristesse a coulé

    à l’intérieur.

    Alors, j’ai dit

    adieu,

    et j’ai quitté

    cette tombe

    où reposent

    mes sentiments.

     

    Bon sang,

    je vous en supplie,

    éteignez

    cette putain de lumière !


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  •  Les mots imposés : grégaire, lune , rouillée , staccato , presqu'ile, suçon , grigri, bedon et hockey.

    La lune, comme un phare maléfique, nous statufie dans la trouille qui nous sert d'instinct grégaire. Impossible de bouger de cette presqu'île d'arbres paumée au milieu de l'océan des champs autrefois cultivés, impossible avec cette satanée sulfateuse qui nous cloue sur place quand elle vous balance pas sa purée métallique dans le bedon.

    Les minutes passent trop lentement, comme anesthésiées par les staccatos impitoyables des munitions qui fusent. Le froid s'insinue petit à petit sous les casques et les nerfs commencent à partir en pelote. Certains tripotent désespérément leur grigri, patte de lapin et compagnie ; d'autres prient de tous leurs yeux et en murmurant ; quelques uns, mutiques et immobiles, se sont abîmés dans leur peur.

    C'est pas la musique des balles le plus dur à supporter... Non, c'est quand elles s'arrêtent de marteler l'intérieur de nos crânes. Chacun semble se réveiller, hébété par le silence retrouvé et se tend dans l'infime espoir, l'inconscient espoir de pouvoir s'échapper de ce trou à rats. Et puis, après quelques secondes de rêverie obsessionnelle, tous se ravisent, un air de défaite qui alourdit à chaque fois un peu plus leurs traits cernés. Alors ils retiennent leur respiration, comme avant l'engagement imminent d'un match de hockey ou de boxe, guettant la reprise des hostilités, attendant sans l'attendre que l'engin infernal se remettent à dispenser la mort en petits morceaux sonores. Puis brusquement, ça reprend, toujours la même note macabre, déclinée selon des rythmes différents. Et après un long moment, de nouveau une pause. Et de nouveau, le tryptique hébétude/espoir/défaite.

    Ce coup-ci, un gars se lève. Un pas bavard. Il sort par le col de sa chemise une clef rouillée pendue à une chaîne , l'embrasse et avance hors du rideau de verdure.Il ne va pas bien loin, juste un pas ou deux. Et retombe en arrière, un gros suçon sanglant dans le cou et comme une sorte de sourire sur le visage. Je le contemple un bref instant et sans vraiment réfléchir, j'arrache la chaîne dégoulinante et rouge, j'embrasse la vieille clef et je me lève. J'hasarde un pas, le plus dur, le premier, le premier vers l'ailleurs...

     


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