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    Hallelujah, noir, faisceau, volute, ondes, effervescence, unité, joie, abstraction.

     

    Combien de fois faudrait-il la tuer ? Combien ?

    Il tenta de respirer profondément, de calmer le jeu, de faire redescendre la tension. Mais l'effervescence le tenait toujours... Putain, combien de fois ?


    Toute son unité avait balancé la sauce dès qu'ils avaient vu sa silhouette apparaître furtivement dans les faisceaux de leurs lampes. Le déluge dura de longues secondes, jusqu'à que ce qu'ils se trouvent à court de munitions. 

    Le coeur toujours à fond malgré ses tentative de reprendre son souffle, l'adrénaline qui se déversait par vagues irrégulières, il ferma les yeux et fit de son mieux pour faire abstraction de la panique grandissante.

    Au milieu des volutes de fumée qui se dégageaient du canon de leurs armes, ils rechargèrent vite fait, les yeux rivés sur le corps massif qui gisait au sol.

    Après une courte prière silencieuse, il les rouvrit, la jungle n'avait pas bougé d'un pouce. Il s'obligea à se concentrer sur sa respiration afin de retrouver un rythme à peu près normal, ignorant des ondes de trouille qui se propageaient le long de ses nerfs.

    De la fourrure sombre et huileuse, un liquide noir coulait en plusieurs endroits. Certains laissèrent cours à leur joie, il entendit même un hallelujah qui résonna sous la canopée.

    Il savait qu'il n'avait plus le choix. Qu'il était seul. Le seul survivant de leur troupe. Fallait en finir, d'une manière ou d'une autre. De préférence, pas en se chiant dessus dos à un arbre. Il vérifia le nombre de bastos qui lui restaient et les vivres dont il disposait. Et scruta les alentours sans vraiment d'espoir à la recherche d'un promontoire d'où il pourrait shooter la bête.

    Ils avaient à peine eu le temps de s'approcher d'elle afin de voir si cette foutue créature était bien morte et à quoi elle ressemblait qu'elle avait bondi sur le plus près. Il poussa un cri inhumain lorsqu'elle planta ses crocs dans sa gorge, le premier d'une longue liste. 


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  • Mascarade, sarabande, salamandre, pavoiser, grivois, equinoxe, pulsar, enflement, sortilèges.

     

    Le souffle brûlant et dru, les naseaux serrés, l'oeil rouge et acier, l'enflement du coeur qui pulsait comme comme un tambour de guerre, les muscles moulés dans la colère et les nerfs prêts à exploser, Mauvais Cheval était prêt à y laisser sa peau. Fini de pavoiser ou de danser la sarabande, l'heure était à l'équinoxe sanglante. Terminés la mascarade et les sortilèges, c'était l'ultime moment de vérité. Le dénouement impitoyable serait un pulsar d'hémoglobine et de sueur, un vrai big bang miniature, puis tout finirait dans un brouillard sombre et froid, un gris voile de cendres inertes dont ne surgirait nulle salamandre, nul phénix, nul être de feu réincarné. Juste un nuage de plomb en poudre, se dispersant au vent glacial. 


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  • Grabuge, précipice, lune, canne à peche, paix, écaille, trône, cisailler, corne.

     

    Les écailles encore douloureuses, le souffle court et les membres endoloris, il regardait ses poursuivants à travers la poussière qu'avait soulevé sa carcasse. Ils avaient l'air tout petits, là-haut, au bord de la falaise. Leurs voix lointaines semblaient partagées entre la victoire et le doute.
    * Surtout bouge pas, vieux lézard, pas tout de suite, attends qu'ilssoient partis *
    Malgré le choc, sa sale petite voix intérieure était toujours bien vivace et sonnait distinctement...

    De toute façon, il n'était pas en état de se lever, il avait mal de partout. Et puis le temps que ces connards descendent, il se serait barré depuis un moment.
    Mais aussi quelle foutue idée que de se jeter dans le précipice pour échapper à ses poursuivants ?! Sauf qu'il n'avait pas eu le choix, ils étaient trop nombreux. L'homme lézard était un bon bretteur mais pas assez pour faire face à 7 combattants. A distance, ç'aurait été une autre histoire. 
    *Sauf que tu t'es laissé surprendre, archer gâteux ! *

    Ouais, ouais, il s'était fait avoir. Il s'était posé là après une interminable journée de traque, au bord d'un petit étang, pour souffler et aussi peut-être pour attraper du poisson. Se faisait vieux, fallait qu'il récupère plus souvent. La surveillance de la ligne dans l'eau, le reflet de la lune qui danse au gré du clapotis, les bruits feutrés de la forêt, cette paix incongrue et irréelle... Il ne s'était pas aperçu tout de suite du silence. Il les avait entendus arriver, mais ça lui paraissait loin, comme dans rêve.

    Un frisson lui a parcouru la colonne vertébrale et son vieil instinct a repris le dessus. Sa main pleine de corne a lâché la canne à pêche pour se saisir de l'arc et l'autre a attrapé une flèche dans son carquois avant même qu'il ne comprenne la situation. Le premier guerrier à sortir du bois stoppa net, une flèche à moitié plantée dans son oeil. Deux autres gars surgirent en hurlant juste derrière. Le semi-reptile détala, sans demander son reste. Sauf que la petite bande ne comptait pas que 3 bonhommes et elle avait cerné l'endroit. Il dut faire un rapide demi-tour pour ne pas se retrouver avec une lame dans le ventre. 

    Putain, y allait avoir du vilain grabuge s'il ne leur échappait pas. Malgré la cohue, il avait reconnu le blason de leur clan, un ramassis d'assassins à la petite semaine. Lui et les siens les chassaient sans relâche. Ce serait un combat où tous les coups seraient permis, même les plus vicieux et il savait que ces crevures n'auraient aucune pitié. Quand même 1 contre 7, c'était vraiment pas honorable. Mais ça l'étonnait pas, ça faisait un bail qu'ils cherchaient à lui faire la peau, un bail qu'il leur filait entre les pattes.

    Il courait comme un dératé sans trop savoir où il allait, le bruit de la meute à ses trousses lui donnait des ailes malgré la vieille fatigue qui lui collait aux écailles. La forêt se clairsemait pour donner sur un terrain plus découvert, parsemé de taillis, et surtout qui se terminait par une falaise. Merde !
    * J'espère que tu sais voler, semi-reptile du dimanche* 
    Il vira vers la droite pour éviter le grand plongeon quand une des crapules tapie dans un gros buisson manqua de peu de lui cisailler un bras avec son épée. Il se jeta au sol, glissant les pieds en premier, percutant l'assaillant dans sa lancée. 

    Le temps de se remettre debout, les autres étaient quasiment sur lui. Il leur jeta un dernier regard, puis exécuta les quelques foulées qui le séparaient de la corniche rocheuse, espérant juste que son agilité et sa résistance naturelle lui permettrait d' "atterrir" sans trop de casse. La chute dura trop longtemps à son goût. L'impact violent, l’assomma presque. Sa vue s'obscurcit, l'espace d'un instant.

    Mais fort heureusement pour lui, il ne perdit pas connaissance. Les autres se tenaient au bord du précipice, essayant désespérément de voir si leur ennemi était mort ou vif. Celui qui pouvait s’enorgueillir de lui avoir fait réellement mordre la poussière se rapprochait avantageusement du trône de leur maître. /Désolé les mecs, ce sera pas pour aujourd'hui/, ironisa-t-il intérieurement.

    Une fois ses assaillants disparus, il vérifia en bougeant doucement les membres qu'il n'avait pas de fracture. Une fois le contrôle fait, il se leva doucement, il scruta les environ puis chercha son arc des yeux, constata avec joie qu'il ne s'était pas brisé dans la chute. Il se mit en route douloureusement pour gagner un endroit plus sûr. C'était pas passé loin, ce coup-ci. L'attaque était bien coordonnée, le lieu idéal, les attaquants étaient en nombre. * Et aussi, tu t'es assoupi, reptile sénile !* 
    /Ouais, ouais, j'étais ailleurs. Mais je m'en suis sorti, faut voir le bon côté des choses./
    Il marchait discrètement, aux aguets du moindre bruit suspect. 
    /Le bon côté des choses ... /Il haussa les épaules et continua à progressa à travers la végétation. 


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  • Lune, fonte, cabinet, artisan, mille, pierre, vin, pâte, weekend.

     

    Un autre week-end...
    La semaine, ça reste supportable. Je m'abrutis de boulot, je reste concentré sur mon taf à la con et le soir, je passe boire un verre au bar, histoire de finir de m'anesthésier la tronche. Quand je suis au bord du coma, le patron m
    e fout dehors et je titube jusqu'à ma piaule pour m'écrouler de fatigue et d'ivresse.
    Mais le week-end, c'est une autre paire de manches.
    Je commence à picoler dès que je me lève, mais c'est pas pareil. Deux longs jours à tuer sans pouvoir me mettre en mode "robot". Deux jours à tuer...
    Saloperie de week-end...
    Combien depuis ce putain de jour ?
    J'ai perdu le compte, ma bosse des maths s'est noyée dans le vin. Avec ma dignité et tout le reste.
    M'est quand même d'avis que ça doit faire dans les mille. Peu ou prou. Peu importe...
    Bientôt, toute cette merde qu'on appelle la vie, ce sera terminé. C'est c'que m'a dit le doc dans son cabinet. "Arrêtez la bibine, Louis, ou vous finirez pas l'année". J'ai levé les yeux vers lui et j'ai haussé les épaules. 
    Qu'est-ce que je m'en bas l'oeuf de finir l'année. Ici, y a plus rien qui me retient. 
    Le truc, c'est ce que je suis trop lâche pour me foutre en l'air. J'ai bien pensé à m'attacher une pierre autour du cou et de me foutre à la baille par une nuit sans lune. Un paquet de fois. Comme un artisan qui remet cent fois sur le métier. Mais au moment de passer à l'acte, ben, il me prend comme une vieille flemme. Ou plutôt une vieille trouille... Bon à rien, j'vous dis. 
    Sans compter que là c'est l'hiver, il faudrait que je casse la glace qui doit recouvrir le lac. J'attendrai la fonte des neiges pour me lourder. 
    Et puis comme ça, mon cerveau sera confit dans l'alcool et ce sera p'têt plus facile de passer à l'acte.
    C'est ce que j'me dis pour me réconforter. 
    Enfin, vous pigez ce que je veux dire, non ? 
    C'est pas très grave, toute cette merde sera bientôt terminée, c'est le toubib qui m'l'a dit.
    Foutu week-end...
     


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  • Blond manqué feu musique fraîcheur blanche absence, fossé , volontaire.

     

    La fraîcheur, cette fausse impression de paradis manqué, ne sera qu'un baume temporaire contre le feu gluant de la sueur. Compagne de la musique cardiovasculaire de l'effort, rien ne pourra combler le fossé creusé par ses gouttes acides ou effacer la poisseuse sensation qu'elle laisse en séchant. Son absence, trop rare pour être vraiment réelle, n'est qu'un accident, pas un acte volontaire. Sa blonde lueur liquide, une falsification des peaux, pas une véritable lumière. Seule issue impossible, devenir marbre ou métal.


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