Les mots imposés : loghorrée, borborygme, cahin caha, broutille, sybarite, gourd,volutes, arabesque, fumerole.

Enfin le silence.
Et l'immobilité.
Tout ce temps à les attendre désespérément.
A trembler dans le nuage sombre des particules en agitation.
Une éternité de borborygmes souterrains.
Puis l'assourdissante et interminable loghorrée de la Terre qui jaillit de ses profondeurs.

Puis plus rien.
Plus un bruit.
Plus une vibration.
Plus un mouvement.
Juste nos respirations pénibles.
Juste nos coeurs gourds, étonnés de s'entendre encore.

Encore sonné, se relever tant bien que mal, au milieu des volutes de poussières qui n'en finissent pas de virevolter vers le sol.
Et cahin caha, se diriger vers la sortie à travers les arabesques grises provoquées par nos gestes à tâtons.
Quelques pas et on y est.

Débloque la porte d'entrée, verrous après verrous.
Plisse les yeux pour ne pas être ébloui par le pâle soleil, vieille étoile brillant laborieusement à travers les nombreuses fumeroles qui viennent brouiller le ciel.
Ouvre et accueille la lumière livide qui grandit.
Avance-toi prudemment dans la froideur du jour, le pas mal assuré, l'esprit encore sous le coup de la secousse.
Garde les sens en éveil, car les autres ne mettront pas longtemps à ressortir de leur tanière maintenant que la Terre a cessé de gronder.
Scrute le secteur et une fois à peu près sûr d'être seul, tombe le masque.

Respirer à fond, jouir rapidement de l'air libre et s'en fourrer plein les poumons à vitesse grand V.
Trois fois rien de bonheur, une broutille de plaisir, c'est tout ce à quoi tu peux prétendre, pauvre sybarite stressé.
Hédoniste de l'urgence, remets vite ton barda sur le pif et retrouve ta salutaire vigilance.
Déjà, tu entends leurs pas furtifs. Ils se rassemblent. C'est le moment de retourner à la porte, de se boucler de nouveau sous terre, dans votre refuge-prison.
De retourner guetter la prochaine colère de Gaïa.