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Premier concert
18 h 37
Là, on devrait être dans la voiture à rouler sous la pluie.
En causant, en chantant à tue-tête, en se marrant comme des mômes.
Avec juste le bruit des gouttes qui se fracassent contre le pare-brise.
Les kilomètres, je les aurais pas vu parce que tu es là.
Sauf que c’est pas le cas.
J’avance pas.
La pluie, je la vois tomber de derrière ma fenêtre immobile.
Et la place à côté de moi est vide.
19 h 28
On devrait pas être loin.
Le sourire ne m’a pas quitté durant toutes ces bornes.
Et ta main non plus. Je la serre un peu plus
Quand le panneau annonce qu’on est presque arrivé
On est à des lieues d’y être
Et le sourire a déserté ma face
Le seul panneau que je vois, il indique un cul de sac
Et ma main reste vide.
19 h 54
On a enfin réussi à se garer.
On approche à pied de la salle de concert, un rien excités.
Y a foule alors on patiente dans les bras l’un de l’autre.
En espérant presque que la queue n’avance pas.
Ma caisse, elle est toujours garée au même endroit qu’hier.
Elle a pas bougé d’un millimètre.
Chez moi, y a pas un péquin.
Et mes bras sont désespérément vides.
20 h 09
On est dedans, y a un paquet de monde.
Faut se frayer un chemin à travers les gens.
Je serre ta main pour pas qu’on soit séparé,
Le temps de trouver une place pour nous.
Je suis chez moi, entre mes quatre murs.
Et y a personne pour faire mentir le silence.
Même pas de musique.
Seul occupe la place, le vide.
20 h 21
Ca y est, on y est enfin.
L’a fallu jouer des coudes pour arriver là.
Et on frémit un peu en entendant les premiers accords.
La lumière dissipe enfin l’obscurité sur scène.
L’obscurité, elle me lâchera pas.
Elle dormira avec moi.
Et la seule lumière que je verrais,
Ce sera la lune qui brille dans le vide.
20 h 52
Une demi-heure que le show a commencé !
On en prend plein les oreilles et les yeux,
On saute, on danse, on chante à l'unisson.
La foule autour de nous existe à peine.
Ma piaule, c'est un désert.
Pas un bruit, pas un mouvement.
Le froid et le silence.
Juste moi et le vide.
22 h 06
Fatigués mais heureux, on sort lentement,
Suivant la longue procession des autres.
On en profite pour s'embrasser à chaque pause,
Et je me lasse pas de la flamme qui danse encore dans tes yeux.
La flamme, elle m'a calciné.
Ne reste que des cendres,
Des cendres qui tourbillonnent
Et au centre, rien que le vide.
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