• Tout a commencé par un défi sur le ton de la déconne avec Oncle Fétide, un "chiche" en quelques sorte.

    Lorsqu'il m'a dit qu'il allait réciter ses poèmes avant d'aller se coucher (fort tard), je lui ai demandé lesquels.
    Sa réponse : Quinze nuées et deux cents chandelles. J'ai trouvé ça fort inspirant.
    Il m'a dit "vas-y".
    J'y suis allé.

    Tentative 1

    Quinze nuées, ça en fait des créatures !
    Combien de milliers d'ailes vrombissantes,
    De miniscules pattes velues et griffues,
    De paires d'yeux à facettes et
    Autres mandibules ou chélychères
    Pullulent en ces vivants nuages ?
    Qui sont-ils, où vont-ils ?
    Comme ils sont près du sol !
    Trop pour vous et vos congénères.
    Pourtant, le futur est en marche,
    En vol plutôt, devrais-je dire,
    Et fondra sur vos pitoyables carcasses
    Pour vous débarrasser de tout
    Ce qui vous agite et vous fait mal.
    Ne courez pas, c'est inutile,
    Ne résistez pas, c'est de l'énergie gaspillée,
    Ils ne veulent que votre bien.
    Vous devriez les remercier avec chaleur
    Au lieu de les chasser impitoyablement.
    C'est sûr qu'ils n'ont pas
    La tronche de l'emploi, non,
    Et que leurs méthodes non plus
    Ne sont pas très catholiques
    Mais ils vout rendront ce fier service
    Sans rancune et sans jugement.
    Que vous soyez beaux ou vilains,
    Aimants ou haineux, vils ou honorables
    Généreux ou mesquins, jeunes ou vieux,
    Rien ne leur importe que
    Leur mission sacrée de sustentation.
    Alors si jamais vous les voyez
    Ces trois fois cinq nuées affamées
    Arrêtez-vous et regardez-les,
    Eux ce sont les fiers anges
    Qu'aucun bouquin saint ne décrit
    Parce que la vérité a toujours
    Plus sale gueule qu'à son tour
    Et qu'on attire pas le croyant
    Avec du vinaigre de messe.
    Rangez vos cierges et vos prières
    Rien n'y fera, soyez certains
    Et Vos ridicules chandelles,
    Peu importe le nombre,
    Dix, cinquante, cent, deux cents
    Ne vous protégeront pas un brin
    Des baisers chitineux et passionnés
    Qu'il vous délivreront avec largesse.
    Ne restera après leur passage
    Qu'un champ de squelettes blancs
    Nettoyés jusqu'à la dernière fibre
    Et les lumières dérisoires de
    Vos vaines tentatives d'échapper
    A votre impitoyable destin de mortels.



    Tentative 2

    L'air comme un fluide épais
    Se meut par vagues distraites
    Et vient mourir sur les colonnes
    D'obsidienne qui soutiennent
    Avec aveuglement et abnégation
    L'immense voûte enfumée.

    Les volutes lourdes et odorantes,
    Tels des serpents de brume, montent
    Sinueusement des maintes chandelles
    Disposées en cercles concentriques
    Au pied des marmoréens cylindres
    Qui s'élèvent sans pitié du sol.

    Ces gris nuages visqueux s'agrègent
    Autour des formes oblongues venant
    S'unir avec la plus humide dévotion
    Au plafond si haut que, même sans eux,
    On ne distinguerait qu'avec peine,
    Obstination, et déférence.

    Ces halos au nombre de quinze
    Masquent au commun des mortels
    Les étoiles mortes et naturalisées
    Que nul n'a plus le droit de voir
    Sinon sous la forme diminuée
    De l'inepte flamme d'une bougie.

    Alors plutôt que de contempler
    L'origine cosmique du feu primitif,
    Ils se rabattent sur le pâle ersatz
    D'une lumière aujourd'hui confisquée
    Et se contentent de l'éclat frelaté
    De ces cierges en courbes graduées.

    Combien en faut-il ? Cent ? Deux cent ?
    Pour qu'enfin Les humains voient
    Que leurs temples ne sont que
    Des leurres érigés pour leur cacher
    La splendeur glacée des nuées lointaines
    Tournoyant sans fin dans l'obscurité.


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